François Ruffin est journaliste, écrivain, fondateur du journal Fakir et député de la somme depuis 2017. Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont “Ce pays que tu ne connais pas”, “Les Petits soldats du journalisme”, ”Quartier Nord ou Leur grande trouille”. Il est un ami du Labyrinthe depuis le premier numéro de Fakir ; cela valait bien une rencontre à la librairie autour de son dernier livre : “Il est où le bonheur”
« Sauver la planète, voilà que cet impératif, nous rassemblerait tous, riches et pauvres, damnés de la Terre et actionnaires, par-delà les frontières, tous unis contre la catastrophe en cours. Voilà que ce nouveau spectre, le réchauffement, éteindrait “la guerre des classes”.
Au contraire, me semble-t-il. Au contraire : la crise écologique aiguise cette lutte, même, la renforce. La “guerre” ne porte plus seulement sur le niveau de vie, mais sur la vie elle- même. Nous sommes engagés dans un combat, des “Terriens” contre des “forces destructrices”, de l’intérêt général contre les multinationales. Nous avons des adversaires, et ils sont organisés, avec des bataillons d’avocats, de lobbies, d’éditorialistes, d’élus, jusqu’au sommet des États. Veut-on une écologie du consensus ou du conflit ? Faut-il en passer par la rue ou par les urnes ? Par le haut ou par le bas ? Et surtout, comment muer le plomb de l’angoisse en or de l’espérance ? Il est où, le bonheur, et le progrès, et le sens de l’existence, par temps d’effondrement ? Nous devons changer, c’est un impératif de survie. Alors, qu’on fasse de cette nécessité une vertu, qu’elle devienne notre chance : non pas seulement de survivre, mais de bien vivre. »