Description
Le jardinier Bruno Goisque a commencé il y a vingt ans au coté de Lidwine, son épouse, un combat rude avec la terre picarde ; ses mains en témoignent. Aujourd’hui, la nature encadrée par leurs bras bienveillants, nous accueille et nous caresse de sa beauté.
La première fois que l’on pénètre dans le parc floral de Digeon et quelle soit la saison, c’est pour le plaisir des sens bien sûr, mais aussi pour se perdre et oublier un instant une époque trop pressée.
Ce livre écrit par le jardinier n’est pas un guide, c’est plutôt une histoire d’amour. Même si les têtes de chapitres commencent par vous situer dans le domaine à l’aide d’un petit plan, l’auteur ne dirige pas le lecteur. Vous suivrez le cheminement des pages ou vous déroulerez votre propre fil d’Ariane dans le jardin labyrinthe.
Les pensées de Bruno Goisque, ses états d’âmes, ne se donnent jamais en leçon de chose et son expérience ne l’a pas transformé en maître botaniste. Il nous fait partager simplement son amour de la nature, sa passion pour le travail de la terre. Artistes malgré eux, les jardiniers de Digeon sculptent des formes, choisissent des couleurs ; la nature généreuse leurs offre mille palettes.
L’auteur n’a pas la prétention de vous dévoiler tous les mystères de son jardin. Il aimerait seulement vous donner la main pour une promenade dont vous ne sortirez peut-être pas plus savant mais nous l’espérons, simplement un peu plus heureux.
Extrait du livre
Réflexion
N’allez pas croire que l’organisation de notre jardin est le fruit d’une étude approfondie. Nous l’avons fait selon l’inspiration du moment et avec les moyens dont nous disposions. Cependant, on peut tout à loisir, vingt deux ans après, s’amuser à analyser les raisons de nos choix ou même deviner des symboles dans ce parcours de vie que représente la création d’un jardin.
Pourquoi toutes ces portes et ces chemins dans le potager ? Arches de charmilles, petits porches d’ifs, allées d’herbe, chemins de sable, sentiers circulaires. Représentent-ils tous les chemins de vie que nous avons envisagés ? Est-ce tous ces passages que nous avons franchis ou pas osé franchir ? C’est peut-être le désir de découvrir qui nous a inspirés. Derrière chaque porte, que va-t-on trouver ? Le passage crée l’émotion et la découverte comble l’attente. On peut imaginer le parc comme un espace de tranquillité. La paix et le repos en sont la seule finalité. Sûrement nous avions besoin de cet endroit pour nous arrêter, souffler, secouer et déverser sur ce tapis vert toutes les “scories” de la vie moderne qui nous encrassent quotidiennement.
Les arbres disposés en croissant nous protègent et veillent sur nous. La lente marche, silencieuse et riche en réflexions, complète et couronne le travail physique de la journée. Elle lui donne un sens, une intensité et une plénitude. En quelque sorte, elle le sublime.
Les îlots circulaires du jardin de roses ne représentent-ils pas nos élans oniriques, nos aspirations profondes qui nourrissent l’action et la créativité ? Univers imaginaires, rêves éphémères, projets insensés se succèdent mais ne se réalisent pas toujours. Les idéaux vers lesquels nous tendons nous ramènent souvent à nos étroites limites.
L’homme a besoin d’endroits pour se retrouver avec lui-même et le jardin s’y prête. Ces rendez-vous secrets prennent parfois des allures virtuelles dans la musique ou tout autre espace où le beau devient l’essentiel.Lumière
Ombres et lumières se disputent l’espace au jardin. Elles se faufilent, se bousculent, se cherchent, s’évitent, se dissimulent, s’imposent ou se fuient.
Elles se rejoignent, s’unissent et s’enlacent, puis se rejettent dans un élan passionné, ne laissant qu’un rai de lumière.
Elles apportent la vie au jardin qui devient tableau vivant ou décor théâtral. Jeux de lumière ou effets spéciaux animent la pièce qui se joue au jardin.
Ils font provision de fantaisie et d’extravagance, ils sont les caprices du ciel et de la terre,
Ombres gigantesques, démesurées, angoissantes et terrifiantes, gesticulant dans les sous-bois, ombres douces et caressantes qui se glissent entre les arbres et nous inondent de fraîcheur et de bonheur.
Lumière câline ou aveuglante, lumière jaune des jours d’orage, lueurs sanglantes des soirs d’été.
Clarté cristalline des sols gelés, ouate farineuse des jours blancs, aurore rose, annonçant la pluie.
Des jours gris sans soleil, sans pluie, sans rien, des jours d’ennui.
Des jours d’attente à regarder filer les nuages, des jours de fête quand tout est bleu dans le ciel et dans le cœur.
Des jours où tout semble possible, des jours à dire : je t’aime.