Description
Lucien Suel, poète et romancier, vit dans les collines d’Artois où il a bâti sa maison.
Le roman Mort d’un jardinier lui a valu une notoriété nationale.
Une part importante de son œuvre poétique a été publiée à Amiens dans la revue Le Jardin ouvrier, notamment, la plupart des textes en picard rassemblés dans ce volume, des veaux dans les pâtures, des saules entourant le jardin, des péniches de son enfance jusqu’au concert de Patti Smith à Dranouter…
« À c’t’heure, l’hiver i est fini.
Ch’gardinier, i rétrame sin fi-in qui funque
su sin gardin, su chelle terre froite.
Aveuc ses grossés-bottes in caoutchouc,
i pidaque dins chfi-in.
I fouit, i interre, i intique.
I interre chés vielles z-échalotes, chés ognons confourés, chés branques réchuées d’pos d’chuque, chés feulles d’halots…
I interre aussi es-salife, es-nasse, es-sueur.
I donne à minger à l’terre.
I comminche el résurrection.
I s’bat conte ch’l’intropie.
I fouit, i fouit. »
« La langue picarde que je parle est celle apprise dans mon enfance. Ce n’est pas ma langue maternelle, plutôt ma langue grand-maternelle. C’est le “patois” que j’entendais parler par mes grands-parents et aussi dans la cour de récréation à l’école primaire de Guarbecque (Pas-de-Calais). Mes parents le connaissaient mais ne l’utilisaient pas à la maison sauf avec certains visiteurs qui le parlaient naturellement.
Jusqu’à ma rencontre avec Ivar Ch’Vavar au début des années 80, je n’imaginais pas écrire dans cette langue populaire. Lorsque je l’ai fait, je n’ai pas voulu me plonger dans les dictionnaires existants, et j’ai écrit en n’utilisant que le lexique dont je disposais dans ma jeunesse. »
Ch’carcaillou, la caille en picard, est une collection destinée aux auteurs qui désireraient sortir de leurs tiroirs des textes en picard, qu’il soit du Nord, du Pas-de-Calais ou de la Picardie. S’il existe un lien fort dans la nouvelle région, c’est bien cette langue picarde, qu’on la nomme Rouchi, Ch’ti, Picard du Beauvaisis ou celui de nos mémoires.